Chapitre 11: Les échanges de vocabulaire

1 Les Romains ont déjà donné

Notre langue, si belle soit-elle, est en fait comme une sorte de composition fleurie.

Si le Celte est à sa base, force est de constater que l’envahisseur Romain, malgré la présence en Normandie d’un « petit village qui résiste encore et toujours … », y a apporté sa touche personnelle.

En effet, « l’occupation », comme on l’appelait très certainement à l’époque, cette période sombre de l’histoire Gauloise, a permis un indéniable enrichissement.

Avec l’envahisseur, arrivait non seulement le bruit des bottes, euh non, de « galigae », mais aussi celui de la nouveauté. Les petites inventions Romaines enrichissaient le quotidien des Gaulois, et les mots sont venus avec.

« Aquarium » et autre « péplum » s’inscrivaient durablement dans la langue de Vercingétorix qui devenait petit à petit celle de Molière.


C’est le même processus qui se déroule à chaque invasion et, qu’elles soient militaires, technologiques, diététiques ou autre, chacune d’entre elle laisse des traces.

2 Les Français et les Anglais aussi …

Pour les mêmes raisons, l’Anglais s’est enrichit avec notre langue, et nous faisons de même avec la leur.

Un peu d’histoire

Henriette Walter est une linguiste qui a étudié la question. Cette linguiste a le chic pour rendre passionnante et accessible au grand public l’épopée du langage. Après, entre autres ouvrages, « L’aventure des mots en Occident » et « L’aventure des mots français venus d’ailleurs », elle relate l’incroyable histoire d’amour entre le français et l’anglais :

« Honni soit qui mal y pense » (Robert Laffont)

Et comme je n’ai pas l’intention de réinventer la roue, voici un extrait d’une interview qui lui est consacrée :


A quand remonte la première rencontre entre la langue anglaise et la langue française ?

H.W. : Au début du XIe siècle. Mais le commencement d’une véritable relation intime date de la victoire de Hastings en 1066. Le Normand « Guillaume le Conquérant » ravit alors la Couronne britannique, chasse la noblesse anglaise de la Cour et la remplace par des nobles français. Dès lors, la langue anglaise ne va plus cesser de puiser dans le lexique français. Mais il faut attendre le XVIIIe siècle pour que s’opère la réciprocité de ce phénomène.


Il y a donc plus de mots anglais d’origine française que l’inverse ?

H.W. : C’est incomparable. Plus des deux tiers du vocabulaire anglais sont d’origine française alors que les emprunts de notre langue à l’anglais sont de l’ordre de 4 %. On relève dans le lexique britannique des centaines de mots empruntés au français et qui sont d’ailleurs de parfaits homographes, comme abolition, bosquet, boudoir, doyen, impertinent…


Quels sont les premiers mots à avoir franchi la Manche ?

H.W. : Il y a proud, qui signifie aujourd’hui "fier" mais qui signifiait "vaillant" au Moyen Age ; tower (tour) ; prison, mais aussi bacon que l’on prend, comme beaucoup d’autres mots, pour un anglicisme. C’est, au contraire, une forme que l’anglais a empruntée à l’ancien français bacon (viande de porc, flèche de lard salé), mot que le français avait d’ailleurs lui-même emprunté au germanique ancien ! Ces mots ont souvent gardé en anglais le sens qu’ils avaient en ancien français.


Ce qui vous fait dire qu’un étudiant anglais comprend plus facilement le vieux français que son homologue français…

H.W. : Absolument ! Comment dit-on étranger et chagrin en anglais ? Foreign et grief, deux mots empruntés au vieux français forain et grief qui signifiaient alors… "étranger" et "chagrin" ! On constate le même parcours pour rental (loyer), qui vient du vieil adjectif français rental (soumis à une redevance annuelle). Ou encore pour faint (faible, léger), dérivé du vieux français feint (mou, sans ardeur).


Que se passe-t-il à partir de la Révolution française ?

H.W. : L’anglais continue à emprunter au français, mais la France connaît une première vague d’anglomanie qui ne cessera de s’affirmer. Notez qu’il s’agit bien souvent de mots français qui réapparaissent dans leur patrie sous de nouveaux habits. Ainsi du mot rail, par exemple, emprunté par les Anglais au Moyen Age à l’ancien français raille (barre). Certains semblent même relever du franglais. Comme computer ou toast, respectivement issus des verbes computer et toster qui signifiaient calculer et griller en ancien français.


Où en sont aujourd’hui les échanges lexicaux entre l’anglais et le français ?

H.W. : Nous puisons dans le lexique anglais, principalement pour ce qui touche aux nouvelles technologies. Quant aux Anglais, ils continuent à nous emprunter des mots "qui font chic" !

Il y a, concernant ces emprunts, un énorme fossé de comportement entre les Français et les Anglais.

Si, en France, vous voulez vous attirer les foudres des puristes, il vous suffit d’utiliser des mots comme booster, casting ou fast-food. Alors qu’un Anglais, qui veut paraître brillant et cultivé, ponctuera sa conversation de "déjà vu", "à propos", "c’est la vie" ou "joie de vivre" !

3 Les anglais débarquent

Les mots suivants sont dans notre dictionnaire, quelle horreur.

Il faut donc les prononcer avec l’accent Français :

Airbag, Aspartam, aspartame, Best-seller, Boat people, Bogue (de bug, le cafard),Bookmaker, Boom, Break,Briefer, Bush, Challenge, Check-up,Coach, Corner, Crawl, Dealer ou dealeur,Dispatching, Dressing, dressing-room, E-mail, Fair-play,Feeling, Fitness, Flash-back, Forcing,Grog, Hamburger, Hold-up, Holding,Intranet, Jogging, K-way, Leader,Leadership, Leasing, Lifting, Lobby, Manager, Marketing, Meeting, Morphing, Nectarine, One man show, Organiseur, Overdose, Peeling, Penalty,Piercing, Planning, Post-it, Prime time (en), Quiz, Rallye, Royalty, Sex-appeal, Show, Single, Speaker, speakerine, Sponsor, Stand-by, Start-up, Starting-block, Stock, Stock-option, Tag, Teasing, Thriller, Timing, Training, Travelling, Tweed, Vamp, Waterproof, Week-end, Zapping.

4 Les Français aussi

Le Français a donné pas mal de mots au travers des disciplines bien précises :

Ballet : barre, chaîné, chassé, développé, effacé, pas de deux (ou de bourrée), pirouette, plié, relevé ....

Arts cullinaires : blanch (de blanchir), sauté (frire à haute température), fondue, escargots (parce que « snails », c’est vraiment trop dégeu), menu, à la mode (signifie « avec de la glace » pour un gâteau)

Amour : Adieu, C’est la vie, décolleté, femme fatale, rendez-vous, silouette, fiancée, divorcé, tête à tête.


Enfin tous ces mots qui donnent du style à celui qui les prononce.

Voici une liste de mots utilisés dans la langue de Shakespeare, et qu’il faut donc lire avec l’accent Anglais :

Adieu, agent provocateur, aide-de-camp, aide-mémoire, à la carte, à la mode, amour-propre, apéritif, après-ski, à propos (de), art déco, attaché, au gratin, au jus, au naturel, au pair, avant-garde, avoirdupois, bête noire, billet-doux, Blond, blonde, bon appétit, bon vivant, bon voyage, brunette, carte blanche, Cerise, c'est la vie, chaise longue, chargé d'affaires, cheval-de-frise, cheval glace, chic, coup de grâce, coup d'état, crème de cacao, crème de la crème, crème de menthe, crème fraîche, critique, Cuisine, cul-de-sac, Débutante, décolleté, dégustation, déjà vu, demimonde, demitasse, démodé, de rigueur, dernier cri, de trop, double entendre, du jour, eau de toilette, Encore, enfant terrible, en garde, en masse, en route, en suite, esprit de corps, fait accompli, faux, faux pas, femme fatale, Fiancé (ée), film noir, finale, fin de siècle, fleur-de-lis (lys), gamine, gauche, genre, haute couture, haute cuisine, Hors d'oeuvre, je ne sais quoi, joie de vivre, laissez faire, maître d'hôtel, mal de mer, Matinée, nom de plume, née, nouveau riche, papier mâché, par excellence, petite, petit-four, pièce de résistance, Pied-à-terre, protégé, raison d'être, rendez-vous, repartee, risqué, roman-fleuve, Rouge, RSVP, sang-froid, Sans, savoir-faire, soi-disant, soigné, soirée, Soupçon, souvenir, tableau vivant, table d'hôte, tête-à-tête, toilette, touché, tour de force, trompe l'œil, vis-à-vis (de), vol-au-vent.

Ou encore ceux-là :

à la, à la carte, à la mode, à propos, adieu, attaché x, au naturel, avalanche, avant-garde, baguette, ballet, béret, bête noire, bizarre, bon appétit, bon vivant, bourgeois, boutonnière, brasserie, bravo, buffet, cache, café, camouflage, carte blanche, cause célèbre, chauffeur, corsage, coup de grâce, coup d'état, couture, crochet, croissant, croquette, cuisine, cul-de-sac, de rigueur, débris, déjà vu, détour, divorcé(e), double entendre, en masse, en route, enfant terrible, espionage, esprit de corps, étiquette, façade, fait accompli, faux, faux pas, fiancé(e), film noir, fin de siècle, finesse, fracas, fuselage, gaffe, gauche, genre, gourmet, Harlequin, haute couture, hors de combat, hors d'oeuvre, joie de vivre, laissez faire, marmotte, mauve, mayonnaise, menu, noblesse oblige, nom de plume, nouveau riche, omelette, panache, par excellence, pâté, polonaise, portrait, promenade, raison d'être, régime, Renaissance, rendez-vous, restaurant, résumé, ricochet, risqué, rôle, roulette, route, routine, sabotage, sachet, sauce, sauté, séance, silhouette, sortie, soufflé, souvenir, Suède, (cuir doux), tête-à-tête, touché, zigzag.


Tous n’ont pas la signification qu’ils ont en Français. Pour plus d'exemples et d’explications : http://www.french.about.com/library/bl-frenchinenglish-list.htm












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